ABAMARACANA

Loin de ressembler à une ligne droite, la vie d'Alain Gaspoz épouse les courbes des chemins tortueux. « Elle n'a jamais été tranquille, peut-être car je l'ai voulu, admet ce Béninois de trente-sept ans. Je préférais connaître plein de rebondissements. » Dès les premières pages, son existence se feuillette ainsi tel un roman écrit par un destin à l'imagination luxuriante. « Je suis venu au monde au Bénin, d'une mère béninoise et d'un père suisse. Comme ils ont divorcé deux ans après ma naissance, j'ai suivi mon père à Madagascar durant cinq ans. Ensuite, nous nous sommes installés à Fribourg. » En terre helvétique, le football s'est introduit sans effraction dans son quotidien et l'a accompagné tout au long d'un joli tour de Suisse, garni de neuf étapes. Sur sa feuille de route, on déniche entre autre Saint-Gall, Lugano, Zurich ou encore Sion, son ultime club professionnel, quitté en juin 2007.
« Désormais, je suis entraîneur-joueur dans une petite division, pour transmettre aux jeunes ce que j'ai appris. Lorsqu'on s'est qualifié pour le Ghana, j'ai confirmé mon intention de ne pas lâcher l'équipe nationale et de bien me préparer. Je me suis entraîné seul, deux mois, avec un coach personnel. Mon président a oeuvré pour que je sois là. Je ne veux pas décevoir ces personnes, à l'occasion de ma seconde Coupe d'Afrique des nations, après celle de 2004. » Racines
Au lieu de marcher sur deux CAN, son palmarès aurait pu compter le Championnat d'Europe 1996, si le sort l'avait cajolé davantage. « J'ai reçu des présélections en équipe de Suisse. Chaque fois, ça ne s'est pas bien goupillé, à cause de blessures. Le train a fini par partir sans moi ». Cependant, il n'est pas resté à quai, car il a un jour choisi de s'envoler pour le Bénin, afin de retourner la terre de son passé et d'en déterrer les racines.

« J'avais trente-deux ans, je n'étais pas revenu au pays depuis que je l'avais quitté trois décennies plus tôt et je voulais le faire découvrir à mes enfants ! Ce retour aux sources m'a permis de retrouver ma mère, que je n'avais jamais revue depuis le divorce de mes parents : aucun contact, rien de rien. On est arrivé le 17 décembre et elle est partie d'une leucémie sept jours après... Ç'a été un déclic : j'ai eu envie de redonner quelque chose à mon sol natal à travers le maillot national ». En intégrant la famille des Ecureuils, en 2002, il a renoué des liens avec un pays bien différent de sa patrie d'adoption. « Du coup, j'ai la chaleur du Bénin, ainsi que la rigueur et la froideur de la Suisse, un contraste que je vis très bien, car il reflète ma vie ». Son existence, il la résume d'une phrase élégamment habillée : « Je me dis que, dans ma malchance, j'ai eu beaucoup de chance.

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