ABAMARACANA

Les fans de Liverpool sont des gens fidèles à Gerry and the Pacemakers et à la mythique chanson de Rodgers et Hammerstein, You'll never walk alone, qui a pulvérisé l'hymne de la Ligue des champions au nombre de décibels durant le protocole. Alors que le temps additionnel touchait à sa fin, ils s'apprêtaient à se convertir à Claude François. Un Comme d'habitude mesquin, à ce moment-là, aurait tout à fait pu descendre des travées. Les Reds menaient 1-0 après un combat d'une invraisemblable intensité et, en vrais spécialistes de la Ligue des champions, se préparaient à un match retour à Stamford Bridge en ballottage favorable. Puis, au bout du temps additionnel, Chelsea brisa toutes ces certitudes avec une égalisation précieuse. Au bout de la lutte, trois remplaçants furent décisifs chacun à leur façon. Salomon Kalou expédia un centre tendu près du but de Reina, et sous la pression d'Anelka, Riise trompa son propre gardien, de la tête, pour égaliser à 1-1. Sale saison pour le Norvégien révélé à Monaco : après avoir perdu sa place de titulaire, il est celui qui n'oblige plus Chelsea à marquer, au match retour, pour atteindre la première finale de la Ligue des champions de son histoire. 

Le public d'Anfield reprit vite ses esprits. Il chanta son hymne à gorge déployée pour ne pas pleurer ses regrets. Quelques secondes plus tôt, Fernando Torres avait manqué une balle de break formidable. Mais les grands gardiens ont le même droit que les grands attaquants à faire basculer des matches de ce niveau. Petr Cech déploya toute son envergure pour repousser le danger, une énième fois. L'autre émoi de Liverpool, c'est de gâcher une rencontre plutôt dominée. C'est un fait avéré par quelques chiffres : 55% de possession du ballon, 10 tirs contre 7, 7 cadrés contre 3. La chance des Reds avait été de marquer les premiers, à ce moment considéré comme stratégique, juste avant la pause. A la 43e minute, alors que les deux équipes avaient plutôt étonné par leur volonté d'aller vite vers le but adverse, loin du grand échiquier annoncé, Dirk Kuyt mordait comme un pitbull dans son côté droit. Débordement à toutes jambes, puis récupération acharnée : il emmenait quasiment seul le ballon dans la surface londonienne et profitait d'une certaine passivité des Blues pour battre Cech de près, en demi-volée.

Liverpool, ensuite, désira le break. L'équipe de Benitez mit Chelsea sous pression comme pour se protéger de la puissance de son adversaire à Stamford Bridge, où aucun club anglais ne l'a battu depuis quatre ans. Chelsea accepta le combat, sans penser à son match à venir, samedi, contre Manchester United en Premier League. Titulaire surprise, Florent Malouda manqua l'égalisation à la 67e, la faute à un énième tacle acharné, signé Mascherano. La récompense viendrait une petite demi-heure plus tard, provoquant chez les Blues des scènes d'exaltation comme il y avait tant à l'époque de José Special One Mourinho. Liverpool a trouvé un rival à sa mesure dans le combat et l'intensité physique. En 2005, leur duel avait basculé sur un but fantôme. En 2007, aux tirs au but. Ils inventeront bien autre chose la semaine prochaine.