ABAMARACANA

Si dans les autres secteurs on veut faire la promotion des valeurs locales, dans le sport et précisément pour ce qui concerne le football béninois, il n’en est rien. On est encore au mythe du « blanc ». Sinon pourquoi devrait-on se rabattre à chaque situation difficile sur les entraîneurs locaux qui à plusieurs reprises ont montré de quoi ils sont capables contrairement aux expatriés qui nous ont habitué à des défaites ? Il faut que les magnats du sport roi au Bénin cessent d’avoir recours aux entraîneurs locaux, seulement quand les soit disants techniciens blancs sortent par la petite porte, après avoir englouti des millions de Fcfa. Combien demandent-ils ces locaux pour faire le travail ? Pas grand’chose, car ils ont montré à plusieurs reprises qu’ils ont la fibre patriotique très prononcée. A chaque fois que le Bénin est allé à des compétitions avec un entraîneur local, les résultats ont suivi. On se souvient encore que c’est Edmé Codjo, entraîneur le plus capé des locaux (titulaire d’un diplôme de 3ème degré obtenu à Leipzig en Allemagne et d’une et attestation de stage obtenue au centre de formation de l’Aj Auxerre sous les ordres de l’emblématique Guy Roux), qui a mené la campagne avec les Ecureuils Juniors en 2005, en tant qu’adjoint de Serge Deveze. Tout le monde a encore en mémoire cette prestation des joueurs béninois qui avait éveillé en tout un peuple, la passion du foot. C’est encore Edmé Codjo qui a entamé les éliminatoires de la Can 2008. Il avait remporté le match Bénin/Sierra Leone sur la marque de 3-0, après avoir perdu au Togo sur le score de 1-2. Avec tout le travail qu’il abattait, Edmé Codjo ne percevait pas de primes sous le fallacieux prétexte qu’ils est agent permanent de l’Etat. En plus, certains dirigeants de la fédération voulaient le pousser à intégrer des joueurs contre son gré. C’est ainsi que cet entraîneur a démissionné le jeudi 04 janvier 2007. Les patrons du foot béninois étaient prêts à payer des millions à un expatrié dont on ignorait tout, alors que le pauvre Edmé Codjo traînait une vieille moto « Mate 50 » qui lui servait de moyen de déplacement. Quel gâchis ! Actuellement Edmé Codjo est le coach du Mogas 90.

Wabi, l’homme des causes perdues

Après cette démission, les barons du football béninois sont allés comme à leurs habitudes, dégoter Didier Notheaux pour prendre la tête du Onze national. Décision désapprouvée par le gouvernement qui a décidé de confier les Ecureuils à un entraîneur local. Qui répond à l’appel ? Wabi Gomez, secondé par Fortuné Glèlè. Comme de dignes fils du pays, ils ont conduit le Bénin aux phases finales de la Can 2008. De mémoire de Béninois, c’est bien avec Wabi Gomez que le Bénin a obtenu le match nul à Bamako (1-1) et à Kouhounou (0-0) contre le Mali, et a battu le Togo à Kouhounou (4-1), ainsi que la Sierra Leone (2-0). Une fois cette difficile étape franchie, les éclairés du football béninois se sont illustrés une fois de plus par le genre de décisions d’éclat dont ils sont les seuls à avoir le secret. Ils ont jugé qu’un « toubab » ferait mieux l’affaire en conduisant le Onze national au cours de l’expédition ghanéenne. C’est ainsi qu’ils sont allés cette fois, piocher dans la poubelle pour nous ramener le tristement célèbre Reinhardt Fabisch, qui après avoir montré ses limites, a pris la clé des champs. Comment qualifier un entraîneur qui déclare à la veille d’une compétition aussi importante, ne pas être comptable des résultats de l’équipe qu’on lui confie ? Résultat : débâcle et découragement chez les supporters. Aujourd’hui encore que le « Blanc » est parti, on pense à faire revenir soit Wabi Gomez, soit Edmé Codjo ou peut-être les deux. Que diantre on arrête de balancer ces messieurs dans tous les sens, car ils méritent un meilleur sort.

Christian Etèkpo