Pas de cadeaux entre deux des nations les plus en vue du football européen. D’autant que le match nul entre la France et la Roumanie ouvre des perspectives intéressantes à l’éventuel vainqueur. De fait, les premiers contacts sont particulièrement rudes, et il faut toute la diplomatie de l’arbitre suédois M. Fröjdfeldt pour ne pas sortir immédiatement la boîte à cartons sur des tacles répréhensibles de Gattuso et Van Bronckhorst.
Dans un stade de Suisse majoritairement occupé par les supporters bataves, ce sont les « Oranges » qui se mettent d’abord en évidence. Accroché par Buffon, Van Nistelrooy ne veut pas jouer le penalty et son centre ne trouve pas preneur (18’).
La fureur des Italiens... injustifiée
Ce qui n’empêche pas les Néerlandais, plus percutants, d’ouvrir le score à la 26e minute sur ce qu'on prend tout d'abord pour une énorme erreur d’arbitrage. Buffon dégage un ballon chaud des deux poings, Sneijder arme une puissante reprise déviée dans le but italien par Van Nistelrooy. L’avant-centre madrilène est grossièrement hors-jeu, mais le référé valide sa réussite à la plus grande fureur des Italiens, joueurs et supporters compris, qui voient défiler les images au ralenti sur écran géant dans la foulée… Et pourtant, on apprendra après le match que le but était valable, foi de règlement, le hors-jeu de Van Nistelrooy étant annulé par la sortie des limites du terrain de Christian Panucci, l'un des deux derniers défenseurs italiens !
Déconcentrés, les joueurs de Roberto Donadoni se font de nouveau piéger cinq minutes plus tard. Van Bronckhorst dégage de la tête un corner brûlant de Pirlo sur sa ligne, poursuit son effort, passe la ligne médiane, change d’aile pour Kuyt, qui remet intelligemment de la tête pour Sneijder. La demi-volée du droit en extension du milieu du Real est limpide : les Pays-Bas mènent 2-0 (31’) et l’on se dit que la défense italienne n’est plus ce qu’elle était.
Juste avant la mi-temps, Van der Vaart, étincelant, lance idéalement Van Nistelrooy dans le dos de la défense italienne. Cette fois, Buffon gagne magnifiquement son duel et évite à des champions du monde déboussolés de rentrer aux vestiaires avec trois buts de retard.
Vitesse et fraîcheur néerlandaises
Dans le tunnel qui ramène les 22 joueurs sur la pelouse, on voit Buffon sermonner quelques-uns de ses coéquipiers. L’heure de la révolte italienne a-t-elle sonné ?
D’entrée, Materazzi tamponne Kuyt à l’entrée de la surface. L’arbitre ne bronche pas. Puis Gattuso hérite classiquement d’un carton jaune. Mais les Italiens, privés de leur capitaine et chef de défense Fabio Cannavaro, semblent toujours autant dépassés par la vitesse et la fraîcheur d’une sélection néerlandaise regorgeant de talents.
Conscient des failles de sa charnière, Donadoni sort Materazzi, lance le Lyonnais Grosso et réorganise son arrière-garde. Les résultats ne tardent pas : les incursions bataves se font moins tranchantes au fil des minutes.
A l’heure de jeu, c’est Alessandro Del Piero qui fait son entrée. L’inoxydable attaquant de la Juventus, meilleur buteur de la Série A cette saison, se signale d’entrée par un enchaînement contrôle-frappe bien maîtrisé par Van Der Sar (63’). Il récidive cinq minutes plus tard, cette fois au dessus.
Première victoire des Pays-Bas sur l’Italie depuis 1978 !
Plus qu’un quart d’heure à jouer : lancé à la limite du hors-jeu, Toni a le tort de vouloir lober l’immense gardien des Pays-Bas. Son ballon passe au dessus. Puis Grosso, entré dans la surface, voit son tir du gauche repoussé par un Van Der Sar en fusion, qui sort peu après, et au prix d’une parade magique, un coup franc ciselé de Pirlo.
Le match s’emballe. A la 78e minute, parti en contre, Van Bronckhorst décale Kuyt, dont le tir est repoussé par Buffon. Le ballon revient dans les pieds de l’attaquant de Liverpool, qui centre sur la tête du même Van Bronckhorst. 3-0, malgré les retours désespérés de Buffon et Zambrotta !
Et encore, les hommes de Marco Van Basten, déchaînés en fin de rencontre, auraient-ils pu ajouter un ou deux buts avec un poil supplémentaire de réussite et de concentration…
Dans les tribunes, les supporters de la « Maison Orange » peuvent exulter. Au terme du match le plus enthousiasmant de ce début d’Euro 2008, les Pays-Bas battent l’Italie pour la première fois depuis 1978 et s’emparent avec autorité de la tête du groupe C.
Après cette lourde défaite, pénalisante également pour la différence de buts, les champions du monde, étrangement amorphes, n’ont plus le choix : il leur faudra sans doute gagner leurs deux derniers matchs pour se qualifier.
rfi