Onze ans après avoir remporté la Ligue des champions avec le RAJA de Casablanca, « Coach Vahid » est de retour en Afrique. On attendait Jean Tigana pour cornaquer les Eléphants en vue de la Coupe du monde 2010, mais les prétentions salariales du natif de Bamako ont semble-t-il fait reculer les dirigeants ivoiriens. C’est donc Halilhodzic qui succède à l’Allemand Uli Stielike et prend la (lourde mais exaltante) charge de la bande à Drogba, une « génération très talentueuse mais qui n’a encore rien gagné ».
Pas un hasard : avant de s’engager, le Franco-Bosniaque s’est longuement entretenu avec son ex-coéquipier au FC Nantes, Henri Michel, qui avait dirigé les Eléphants entre 2004 et 2006 et lui a « donné des conseils ».
Depuis 1997 et son triomphe marocain, le technicien au regard ombrageux a connu un parcours professionnel riche et tumultueux. Entre 1998 et 2002, il a fait les beaux jours de Lille, qu’il a structuré et hissé en Ligue 1. Il a ensuite sauvé Rennes d’une descente promise en Ligue 2 au terme d’une spectaculaire et éphémère mission.
« Le temps presse »
Il a laissé une empreinte indélébile au Paris Saint-Germain, où il a remporté une Coupe de France en 2004, terminé 2ème du championnat la même année, tout en s’attirant l’antipathie d’une partie croissante des journalistes et des supporters à cause de sa personnalité sans concession et de ses méthodes expéditives. Les suiveurs du club parisien n’ont pas oublié comment le Camp des Loges, lieu d’entraînement du PSG, s’était transformé durant son mandat en camp retranché… Les résultats se dégradant progressivement, l’histoire s’est (mal) terminée début 2005, et « Coach Vahid » a perdu il y a quelques semaines le procès qu’il avait intenté au club pour licenciement abusif.
Il rebondit en octobre 2005 à Trabzonspor, qu’il mène à la 4ème place du championnat turc. Le natif de Jeblenica (ex-Yougoslavie) passe les six derniers mois de 2006 en Arabie Saoudite, à Al Ittihad, où il effectue un passage éclair. Depuis, son nom revenait régulièrement pour succéder à divers entraîneurs de L1 en difficulté. Sans suite. Jusqu’à cette signature à Abidjan, pour « un challenge sportif plus que financier, car j’avais une meilleure proposition sur ce plan », a-t-il confié à la presse ivoirienne.
Halilhodzic en est conscient, « le temps presse » pour préparer une sélection considérée comme « un intérêt supérieur » en Côte d’Ivoire. Les éliminatoires CAN/Coupe du monde 2010 commencent dans deux semaines, et les objectifs assignés sont clairs : se qualifier pour le Mondial sud-africain et remporter la Coupe d’Afrique en Angola. Sa priorité de l’instant, « monter une équipe avec une identité ». « Je vais m’appuyer sur les joueurs que je connais », a-t-il également annoncé. Didier Drogba lui a d’ailleurs envoyé un message de bienvenue.
De retour en Afrique, l’ancien meilleur buteur des championnats de France 83 et 85 n’entend pas changer sa façon de travailler. « Pas d’improvisation ! », prévient-il d’emblée dans un entretien accordé au correspondant sportif de RFI à Abidjan, Emmanuel Koffi. Pour le seconder, il compte sur son ancien coéquipier nantais et ami Bruno Baronchelli. L’Ivoirien Georges Kouadio devrait également faire partie du staff technique.
« Vahid a toute ma confiance », assure le président de la Fédération ivoirienne, Jacques Anouma, qui a précisé que le nouveau sélectionneur serait également manager général des Eléphants, avec les pleins pouvoirs sportifs.
Première sortie, le tournoi de Tokyo, avec deux matchs amicaux programmés face au Paraguay et au Japon. Premier test, le 1er juin à Abidjan face au Mozambique pour le coup d’envoi des éliminatoires CAN/Coupe du monde.